J'ai dix sous ! Mais on a bien géré. J'ai dix sous ! Mais on a bien géré.

« J’ai dix sous ! Mais on a bien géré. » L’Europe épingle la France et son déficit public

France : déficit public et dette élevée. Quelles sont les conséquences pour l’économie et comment y remédier à l’heure des législatives ?

Les récents développements politiques ont mis en lumière la situation économique de la France, notamment en ce qui concerne son déficit public. L’Europe a officiellement épinglé la France pour non-respect des règles budgétaires. Le Pacte de stabilité et de croissance stipule que le déficit public ne doit pas dépasser 3 % du PIB, et que la dette publique doit être inférieure à 60 % du PIB. Or, la France affiche un déficit de 5,5 % et une dette publique de plus de 110 % du PIB.

La procédure pour déficit excessif sera formellement ouverte le 16 juillet, lors d’une réunion des ministres des Finances européens. La France devra alors s’engager à prendre des mesures correctrices pour respecter les règles budgétaires. Si le gouvernement échoue à redresser la situation, des sanctions financières pourraient être imposées, pouvant atteindre 0,1 % du PIB, soit près de 25 milliards d’euros pour la France. Cependant, ces sanctions ne sont généralement pas appliquées, car elles seraient politiquement trop sensibles. La situation française n’est pas unique. D’autres pays comme l’Italie, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et Malte sont également sous le coup de procédures similaires. La Roumanie est déjà concernée depuis 2019. Depuis la création de l’euro, la France a régulièrement été épinglée pour ne pas respecter ces critères.

Enjeux Budgétaires et Politiques en Période Électorale

Jean-Hervé Lorenzi, un économiste reconnu, estime que le moment choisi pour annoncer ces mesures est malvenu, notamment en pleine période électorale. Il souligne que les règles budgétaires de déficit public, bien qu’importantes, doivent être adaptées à la situation actuelle et qu’il est crucial de séparer les dettes accumulées du passé des problèmes actuels.

La récente dégradation de la note française par Standard and Poor’s, passant de AA à AA-, a eu lieu avant les élections européennes, mais elle continue d’avoir des répercussions. Emmanuel Macron, qui avait fait de la gestion économique un pilier de son mandat, voit sa crédibilité mise à mal, surtout en pleine élection législative.

Bruno Le Maire, le ministre des Finances, a beaucoup parlé récemment pour défendre son bilan, affirmant qu’il avait sauvé les finances de la France. Cependant, la situation déficitaire actuelle pose des questions sur l’efficacité des politiques menées.

La France Face à ses Enjeux Économiques et Politiques

La situation économique critique de la France a des répercussions politiques importantes. La gestion économique, autrefois un atout pour Emmanuel Macron, est désormais un point de critique. Jordan Bardella, dans une interview récente, a souligné que la France se trouve avec 3000 milliards d’euros de dette, un fardeau considérable.

Cette situation financière difficile pourrait affecter les électeurs, notamment ceux qui ont voté pour Macron en 2017 et 2022. Beaucoup d’entre eux envisagent de s’abstenir aux prochaines élections, déçus par la gestion des finances publiques. La communication autour des déficits budgétaires et des erreurs comptables a laissé un goût amer à de nombreux électeurs, surtout ceux du secteur privé, où de telles erreurs ne sont pas tolérées.

La France doit maintenant naviguer dans des eaux économiques et politiques tumultueuses, avec des défis majeurs à relever pour restaurer la confiance des citoyens et des partenaires européens. La réaction de Bruxelles, en plein milieu des élections législatives, ajoute une couche supplémentaire de complexité à une situation déjà délicate.

Une analyse nuancée du bilan axée sur le déficit public français

Est-ce que c’est grave docteur ? Selon Jean-Hervé Lorenzi, (Fondateur du Cercle des économistes, il serait peut-être pertinent de nuancer quelque peu, car on a parfois l’impression que la situation en France est désastreuse. Cependant, au cours des cinq ou six dernières années, quelque chose de remarquable s’est produit : on vivait avec l’idée de la fatalité du chômage de masse. Pendant trente ans, on a débattu de ce sujet, se demandant comment en sortir. Or, l’expression « chômage de masse » a perdu de sa valeur. Si, il y a cinq ou six ans, quelqu’un avait affirmé que l’on reviendrait au plein-emploi, il aurait été perçu comme fou. Aujourd’hui, il est important de prêter attention aux déclarations récentes de la Commission européenne. Malheureusement, ces déclarations sont regrettables et auraient pu être évitées, d’autant plus que leurs auteurs quitteront bientôt leurs fonctions. Intervenir ainsi dans la politique française et influencer les élections est problématique.

Néanmoins, il y a des aspects positifs. La France a maintenu une création d’emplois, même avec un taux de chômage relativement bas, comme l’a expliqué le directeur de l’Insee. L’attractivité du pays reste sans précédent, malgré une croissance économique presque nulle, un problème commun à tous les pays européens, y compris l’Allemagne. La faiblesse de la productivité et l’incapacité à se positionner sur les marchés d’avenir sont préoccupantes. Bien que ce sujet des 3 000 milliards soit politiquement sensible, il est essentiel de nuancer les faits. Les fonctionnaires de Bruxelles font leur travail, même si le moment choisi est malheureux.

Il serait donc sage d’adopter une vision plus nuancée. L’Europe dans son ensemble ne se porte pas bien, et il serait pertinent de réfléchir aux raisons pour lesquelles la croissance américaine approche les 3 %, tandis que celle de l’Europe est quasiment nulle. Ces questions devraient également être au cœur des préoccupations européennes.

la France inquiète en termes de déficit public ?

Analyse des programmes politiques pour les législatives en France : défis budgétaires et électoraux

Pas vraiment un joli cadeau de bienvenue pour le futur ministre du Budget.
Selon Bruno Le Maire et malgré son bilan : « quel que soit le candidat, parmi les deux blocs opposés au président de la République, qui arriverait à Matignon, il conduirait à la mise sous tutelle de la France ».

En examinant les faits et les programmes des uns et des autres, il ne semble pas que la situation puisse s’améliorer dans l’avenir.

Concernant le programme du « nouveau front populaire », connu pour ses mesures les plus dépensières, celui-ci inquiète particulièrement en termes de déficit public. Leurs principales dépenses incluent le retour de la retraite à 60 ans, l’indexation des pensions sur les salaires, une augmentation de 10% du point d’indice des salaires des fonctionnaires et une hausse du SMIC de 1400 à 1600€. Pour financer ces mesures, ils comptent sur l’impôt sur la fortune, les droits de succession et l’augmentation de la CSG.

Le coût total de ces mesures est estimé à 287 milliards d’euros, selon Bruno Le Maire. Cependant, Valérie Rabault, ancienne rapporteure du budget à l’Assemblée nationale, conteste ce chiffre et estime plutôt le coût à 106 milliards d’euros pour la période 2024-2027. Elle prévoit une trajectoire de déficit de 5,7% du PIB cette année, 5,4% l’année prochaine, 5,1% en 2026 et 3,6% en 2029.

Du côté du Rassemblement National, les mesures évoluent fréquemment. Actuellement, leurs principales dépenses sont la réduction de la TVA sur les carburants de 20 à 5,5%, la réforme des retraites, et la nationalisation des autoroutes. Leur principale source de financement serait la lutte contre la fraude et le remplacement de l’aide médicale d’État, avec un coût total estimé entre 114 et 124 milliards d’euros selon Allianz Research. Jordan Bardella a récemment annoncé qu’il lancerait un audit des comptes de l’État en cas de victoire à Matignon.

Pour le bloc présidentiel, les dépenses incluent les primes défiscalisées et l’indexation des retraites sur l’inflation, tandis que les recettes proviendraient de la réforme des retraites et de l’assurance chômage. Emmanuel Macron promet de ramener le déficit sous le seuil de 3% d’ici 2027, sans augmentation d’impôts. La Cour des comptes ait exprimé des doutes sérieux. En cause : pour 2024, la France emprunte 285 milliards d’euros sur les marchés, un record historique.

Ces programmes évoluent constamment, en particulier concernant les dépenses de défense, souvent ajustées de manière urgente. Malgré tout, les patrons s’inquiètent. L’ Afep  (Association française des entreprises privées) a lancé un appel en début de semaine, et les 117 plus grandes entreprises françaises ont exprimé leur préoccupation, notamment face au Rassemblement National. Patrick Martin, président du Medef, a récemment déclaré que les programmes du RN et du nouveau front populaire sont dangereux pour l’économie. Cependant, une enquête indique que 41% des patrons français ne seraient pas opposés à voter pour le Rassemblement National, un chiffre frappant, avec seulement 15% soutenant la majorité.

Les dynamiques de l’électorat français : retraites et populisme ?

La structure de l’électorat montre que les retraités, qui ont connu le chômage de masse, votent de plus en plus pour le Rassemblement National. Malgré les promesses de ce dernier, qui pourraient alourdir la situation des comptes publics, beaucoup d’électeurs souhaitent simplement se débarrasser de la majorité actuelle.

En fin de compte, les programmes des différents blocs politiques sont complexes et souvent peu réalistes. Le seul point commun majeur entre eux est la question des retraites, un sujet crucial en raison de son coût élevé. Les Français, toutefois, semblent voter davantage en fonction de leurs intérêts personnels que des programmes politiques détaillés.

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