À première vue, tout semble les opposer. Deux pays, deux continents, deux cultures politiques. Et pourtant, à quelques jours d’intervalle, le Canada (le 28 avril) puis l’Australie (le 3 mai) s’apprêtent à voter. Deux élections nationales où un nom revient, en filigrane ou en pleine lumière : Donald Trump.
Pas candidat, pas même citoyen de ces pays. Et pourtant omniprésent. Car en 2025, le « facteur Trump » n’est plus une bizarrerie américaine. C’est une donnée de la politique mondiale.
Canada : une élection transformée en front anti-Trump
Au Canada, l’ancien président américain est devenu… un enjeu de campagne. Ce qui aurait pu sembler absurde il y a quelques mois est aujourd’hui un fait politique.
Trump, réélu à la présidence des États-Unis en novembre dernier, n’a pas tardé à agiter les relations bilatérales. Menaces de droits de douane, allusions provocatrices à une “annexion économique” du Canada, attaques ciblées contre l’identité québécoise : il n’en fallait pas plus pour que la campagne électorale canadienne bascule.
Le Parti libéral de Mark Carney, donné en difficulté en début de course, a saisi l’opportunité. Ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Carney a revêtu le costume du gestionnaire rationnel, du garant de la souveraineté nationale face aux assauts du voisin du Sud.
Et ça marche. Les derniers sondages Nanos créditent les libéraux de 44 % des intentions de vote, contre 39 % pour les conservateurs de Pierre Poilievre. Au Québec, bastion habituellement acquis au Bloc, le vote stratégique en faveur de Carney progresse. La peur de l’ingérence américaine fédère même au-delà des lignes partisanes.
Dans ce contexte, le scrutin du 28 avril s’annonce non pas comme un simple choix de programme, mais comme un référendum sur la capacité du Canada à résister à l’influence trumpienne.
Australie : un Trump périphérique, mais bien réel
De l’autre côté du globe, en Australie, le nom de Trump est moins crié sur les estrades, mais il plane tout de même dans l’air.
La campagne électorale australienne est dominée par des enjeux plus domestiques : coût de la vie, logement, crise climatique. Le Premier ministre travailliste sortant, Anthony Albanese, affronte le conservateur Peter Dutton dans une course serrée.
Trump, ici, n’est pas un acteur direct de la campagne. Mais son style politique – brutal, populiste, clivant – fait écho à certaines postures de Peter Dutton. Et ses menaces de mesures protectionnistes envers l’Australie (sur l’acier notamment) ont réveillé de vieux réflexes souverainistes.
Albanese en tire un avantage discret mais réel. Il campe le rôle de l’équilibré, du diplomate ferme mais prudent, face à un adversaire que certains électeurs perçoivent comme un Trump australien en puissance.
Selon les derniers sondages, les deux camps sont au coude-à-coude. Le vote préférentiel les place à 50-50 (YouGov), mais un autre sondage donne une légère avance aux travaillistes (53,5 % contre 46,5 % selon Roy Morgan).
Un effet miroir mondial
Ce double scrutin illustre une dynamique troublante : la politique intérieure de démocraties stables est désormais influencée par les secousses extérieures.
Trump n’est pas candidat, mais il façonne les discours, les peurs, les choix stratégiques. Il devient un repoussoir pour certains, un modèle pour d’autres. En cela, il agit comme un révélateur. Il montre la porosité croissante des frontières politiques à l’heure de la globalisation.
En résumé
Pays | Favori actuel | Influence de Trump |
---|---|---|
🇨🇦 Canada | Libéraux de Mark Carney | Forte, central dans la campagne |
🇦🇺 Australie | Travaillistes d’Albanese | Modérée, indirecte mais non négligeable |
Quand un seul homme devient un enjeu électoral sur deux continents, la question n’est plus de savoir s’il est influent. La vraie question est : jusqu’où cette influence peut-elle aller ? Et surtout : que dit-elle de nous ?