Iran destruction d'Israël Iran destruction d'Israël

Iran : Macron et la France ont gagné le droit de se taire

Comment l’accueil de l’ayatollah Khomeiny en France a changé le cours de l’Iran et influencé la diplomatie. Une réalité ignorée

Quand la France encensait l’ayatollah Khomeiny

Avant de jouer aux arbitres du monde, la France ferait bien de se souvenir de ses complaisances passées. En 1978, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, exilé révolutionnaire, fut accueillie à bras ouverts à Neauphle-le-Château. Paris, alors dirigé par Valéry Giscard d’Estaing, facilita son retour triomphal en Iran, à bord d’un vol affrété tel un chef d’État. Là commence une longue tâche sur la conscience de la diplomatie française.

Mais plus grave encore fut l’aveuglement volontaire de certains de nos intellectuels. Jean-Paul Sartre, figure tutélaire de la gauche radicale, voyait dans cette révolution une lutte décoloniale contre l’impérialisme occidental. Simone de Beauvoir apporta son soutien à l’exilé de Najaf. Michel Foucault, philosophe de la discipline et des structures de pouvoir, fit plusieurs voyages en Iran et décrivit avec sympathie « l’esprit d’un monde sans esprit » qu’il croyait naître sous les turbans. Tous deux ignorèrent les cris étouffés des femmes, la répression des dissidents, et les exécutions sommaires. Pourtant : « Avant de venir, en France, sa thèse politique était le velayat-e faqih, la souveraineté du docte. On peut le comparer avec les pleins pouvoirs du Pape au Moyen-Âge. »

Cette indulgence coupable fut partagée aussi bien par une certaine gauche tiermondiste que par une extrême droite antisémite, comme Jean-Marie Le Pen, ravie de voir un nouveau héros antisioniste s’en prendre à l’État d’Israël. L’erreur fut collective, historique et morale.

Iran : Un avertissement mondial… ignoré ?

Le 14 février 1989, Rouhollah Khomeiny, guide suprême de la révolution islamique iranienne, condamne à mort l’écrivain britannique Salman Rushdie pour un roman accusé de ridiculiser le Coran et Mahomet, « Les versets sataniques »

Cette fatwa de Khomeiny n’est pas un simple acte isolé d’un religieux fanatique. C’est l’acte fondateur d’un djihad diplomatique, où un État utilise la religion comme arme d’intimidation planétaire, posant les bases du terrorisme globalisé à motivation théologico-politique.

Elle marque le basculement d’un islam politique offensif, qui s’affranchit des règles du droit international, au profit d’un messianisme mortifère. Et elle aurait dû alerter bien plus tôt les chancelleries occidentales sur la nature du régime iranien.

L’Iran, Constitution du fanatisme

Depuis la chute du Shah, la République islamique d’Iran ne s’est jamais cachée : son projet est messianique, hégémonique, et meurtrier. La Constitution de 1979 et son préambule en témoignent : l’objectif ultime du régime est l’éradication d’Israël, défini comme une tâche sacrée. Les Gardiens de la Révolution, le Hezbollah, les Houthis, les milices chiites irakiennes, ne sont que les bras armés de cette stratégie de déstabilisation régionale et globale.

L’Iran a exporté la terreur : attentats à Buenos Aires (contre la communauté juive), en Bulgarie, à Paris (rue des Rosiers, 1982), et à Beyrouth (1983). Il est, encore aujourd’hui, à la manœuvre dans les guerres par procuration qui ensanglantent le Moyen-Orient.

Et le pire est à venir : l’Iran est à quelques pas de la bombe atomique. L’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) a déjà documenté des enrichissements d’uranium supérieurs à 80 %. Si demain, un régime qui appelle à la destruction d’Israël possède l’arme nucléaire, c’est l’équilibre même de toutes les démocraties occidentales qui serait menacé.

Macron ou l’art de donner des leçons sans mémoire

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a pris la parole à trois reprises ces derniers jours. Des propos diplomatiquement calibrés, stratégiquement faibles, et moralement discutables.

  1. 13 juin 2025 : « Iran porte une très lourde responsabilité dans la déstabilisation de la région. La situation actuelle comporte un risque d’escalade incontrôlée. »
  2. 17 juin 2025 (G7) : « Nous ne voulons pas que l’Iran obtienne l’arme nucléaire. Mais la plus grande erreur serait d’utiliser des frappes militaires pour changer le régime, car ce serait alors le chaos. »
  3. 17 juin 2025 (interview presse) : « Nous appelons Israël à éviter toute frappe au-delà des seuls sites nucléaires iraniens. »

En clair : le régime iranien est dangereux, mais il ne faut pas le toucher. Israël doit se restreindre, et les démocraties se contenter d’attendre. Attendre quoi ? Qu’un jour, Tel-Aviv devienne Hiroshima ? Que Paris vive un 11 septembre à la mode chiite ?

La diplomatie sans mémoire est une forme de trahison. Quand on a porté un tyran sur les marches du pouvoir, quand on a laissé des philosophes aveugler une génération, quand on a fermé les yeux sur les crimes déjà commis, alors on a gagné le droit de se taire.

Macron ferait bien de méditer cela avant de dicter aux autres les limites de leur autodéfense.

A lire :