Le constat est implacable : plus de 120 conflits armés ravagent aujourd’hui le monde, des guerres où se mêlent religion, territoires, ethnies, et les sombres coulisses du crime organisé. Et pourtant, bien que ces conflits persistent, les médias occidentaux, et français en particulier, semblent souvent en détachement face à ce drame humain.
Les Flammes de l’extrémisme religieux : Conflits et radicalisation mondiale
Yémen : Le pays est déchiré par un conflit alimenté par les divisions religieuses et les influences régionales. Les Houthis, un groupe chiite soutenu par l’Iran, s’opposent au gouvernement reconnu par l’ONU, appuyé par une coalition menée par l’Arabie saoudite. Ce conflit, exacerbant les tensions sunnites-chiites, a plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent, avec des millions de personnes au bord de la famine.
Mali, Burkina Faso, Niger : Dans la région du Sahel, une véritable guerre contre les groupes jihadistes fait rage. Ces groupes, comme le GSIM et l’État islamique au Grand Sahara, exploitent les fragilités locales et l’absence d’autorité centrale. Les villages sont pris en étau, et la violence, souvent commise au nom d’une idéologie religieuse extrémiste, ne connaît pas de fin. La MINUSMA au Mali tente, sans grand succès, d’apporter un semblant de paix.
Mozambique : Dans la région nord de Cabo Delgado, une insurrection islamiste a éclaté, alimentée par des groupes jihadistes qui ont pris racine. Le gouvernement, mal préparé à cette forme de violence, fait face à une radicalisation croissante, exacerbée par la pauvreté et l’exploitation des ressources naturelles.
Frontières en Conflit : Guerres territoriales et luttes de souveraineté
Ukraine : L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a déclenché la plus grande guerre territoriale en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Le conflit, qui s’enracine dans la question de la souveraineté ukrainienne et des ambitions expansionnistes de Moscou, a engendré des millions de réfugiés, bouleversé les équilibres internationaux, et mis à mal la stabilité régionale. L’annexion de territoires et la résistance ukrainienne se poursuivent, tandis que les grandes puissances jouent leur influence.
Haut-Karabakh (Arménie-Azerbaïdjan) : Ce territoire montagneux est le centre d’un conflit de longue date entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Après la guerre de 2020, une fragile paix a été imposée par la Russie, mais les tensions ethniques et territoriales demeurent. Chaque camp revendique ce territoire, considéré par les Arméniens comme historiquement leur, et par les Azerbaïdjanais comme une terre illégalement occupée.
Palestine/Israël : Le conflit israélo-palestinien reste un des plus médiatisés, mais aussi l’un des plus insolubles. Gaza et la Cisjordanie sont toujours sous l’ombre de l’occupation militaire et des affrontements sporadiques. Israël justifie ses actions comme étant des réponses sécuritaires face aux tirs de roquettes depuis Gaza, tandis que les Palestiniens revendiquent leur droit à la terre et à l’autodétermination.
Identités en Guerre : Conflits éthniques et divisions profondes
Éthiopie (Tigré) : Le conflit dans la région du Tigré a commencé en 2020 lorsque des tensions ethniques et politiques entre le gouvernement central et le Front de libération du peuple du Tigré ont éclaté en guerre ouverte. Des millions de personnes ont été déplacées, et des atrocités ethniques ont été commises de part et d’autre, dans une violence qui rappelle les sombres heures des conflits africains du siècle dernier.
Birmanie/Myanmar : La crise des Rohingyas est l’une des pires violations des droits humains de ce siècle. Persécutée par l’armée birmane, cette minorité musulmane a été forcée de fuir en masse vers le Bangladesh voisin. Le conflit ethnique s’étend également aux minorités ethniques qui se battent contre la junte militaire dans une guerre civile qui semble ne jamais finir.
Soudan (Darfour) : La région du Darfour, autrefois emblématique de la guerre ethnique en Afrique, est à nouveau plongée dans la violence. Les milices ethniques et les luttes pour le contrôle des ressources naturelles continuent de dévaster cette région. Depuis 2023, les conflits entre les factions militaires du pays ont plongé le Soudan dans un chaos encore plus profond.
L’Empire du Crime : Conflits mafieux et violences souterraines
Mexique : Le pays est engagé dans une véritable guerre contre les cartels de la drogue. Ces organisations criminelles, qui se livrent une bataille acharnée pour le contrôle des routes de la drogue vers les États-Unis, ont infiltré tous les niveaux de la société mexicaine. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées, et les populations locales vivent dans une terreur permanente.
Colombie : Après la signature des accords de paix avec les FARC en 2016, une résurgence de la violence liée aux groupes dissidents et aux trafiquants de drogue a plongé la Colombie dans un nouvel épisode de violence. Le gouvernement peine à instaurer la paix, et de nombreux territoires ruraux échappent encore à son contrôle.
Haïti : Le pays le plus pauvre des Amériques est en proie à une violence généralisée des gangs. Les factions criminelles contrôlent de larges portions de la capitale, Port-au-Prince, et l’État haïtien semble incapable de rétablir l’ordre. La violence, exacerbée par la pauvreté et la corruption, a plongé la population dans un état de désespoir chronique.
Les Coûts D’État : Succès et Échecs en Série
Les coups d’État, ces renversements brusques du pouvoir, ont marqué l’actualité en 2023 et 2024, avec une série d’insurrections réussies ou échouées à travers le monde. Au Brésil (2023), une tentative de coup d’État menée par des factions militaires et des partisans de l’ex-président Jair Bolsonaro a échoué, renforçant les institutions démocratiques du pays, mais laissant un climat politique polarisé. En Moldavie (2023), des tentatives d’ingérence pro-russe ont été déjouées, renforçant la position pro-européenne du pays malgré les menaces constantes.
À l’inverse, en Soudan (2023), le coup d’État militaire a plongé le pays dans un chaos encore plus profond, exacerbant une guerre civile déjà meurtrière, alors qu’au Niger (2023), le renversement du président démocratiquement élu a fait basculer le pays dans une instabilité régionale accrue. Le Gabon (2023), autre victime d’un coup d’État militaire, a vu ses institutions s’effondrer sous la pression d’une élite militaire cherchant à s’emparer du pouvoir après des décennies de régime autoritaire. Le Burkina Faso (2023), quant à lui, continue de vivre sous le contrôle militaire après plusieurs coups d’État successifs, aggravant la lutte contre les groupes jihadistes dans le Sahel.
En Sierra Leone (2023), une tentative de renversement du pouvoir a échoué, montrant la résilience des institutions dans ce pays encore marqué par une guerre civile passée, tandis qu’en Guinée-Bissau (2023), une série de putschs ratés n’ont fait qu’accentuer l’instabilité chronique du pays. Les récents coups d’État en République Démocratique du Congo (2024) et en Bolivie (2024), bien qu’encore en cours de consolidation, témoignent de la fragilité des démocraties en proie à des insurrections armées, alimentées par des luttes ethniques, économiques et territoriales.
Au Tchad , Depuis la mort d’Idriss Déby en 2021, son fils Mahamat Idriss Déby dirige le Tchad à la tête d’une junte militaire. Le pays est marqué par une répression violente des oppositions et fait face à une pauvreté extrême, avec 42,3 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Les sécheresses et l’instabilité régionale, notamment dans le Sahel, accentuent les défis dans ce pays enclavé et producteur de pétrole.
Dans tous ces pays, les coups d’État réussis ou ratés entraînent des coûts économiques et humains immenses : effondrement des institutions, fuite des capitaux, sanctions internationales, et incapacité à garantir des services publics essentiels. Ces renversements violents du pouvoir ne font qu’approfondir la pauvreté et renforcer les divisions internes, tandis que les perspectives de développement s’effondrent sous le poids de l’instabilité.
Silence coupable des médias français : L’invisibilisation des conflits mondiaux
Face à ce paysage désastreux de l’humanité, où la violence semble se nourrir de sa propre existence, on est frappé par le désintérêt des médias français pour la majorité de ces conflits. Hormis l’Ukraine et le Moyen-Orient, la souffrance des peuples africains, latino-américains ou asiatiques est reléguée aux fonds de tiroirs de l’actualité. Ce silence est non seulement une forme de négligence, mais aussi une complicité tacite dans l’invisibilisation de tant de vies brisées. Pire encore, comment peut-on demander aux français de comprendre le monde qui les entoure sans leur donner un minimum d’informations sur ce qui se passe autour de chez eux. Le monde étant devenu tout petit tous ces conflits ont un impact sur notre vie collective.