Depuis la révolution islamique de 1979, l’Iran a tissé des liens étroits avec divers acteurs au Moyen-Orient, utilisant les conflits régionaux pour asseoir son influence et renforcer sa posture anti-israélienne.
Le Liban, laboratoire d’influence iranien
L’influence de l’Iran au Liban remonte aux années 1980, avec la création du Hezbollah sous l’égide des Gardiens de la Révolution. À l’époque, Téhéran voyait dans ce petit pays un terrain propice pour asseoir sa présence régionale et contrer Israël directement à ses frontières. Le Hezbollah est rapidement devenu un acteur central du paysage politique libanais, tout en développant une puissante capacité militaire. En soutenant militairement et financièrement ce groupe, l’Iran s’est assuré une force de frappe capable de menacer Israël, mais aussi d’étendre son influence politique au sein du Liban.
L’Iran a également su habilement exploiter les divisions confessionnelles au Liban, en se présentant comme le protecteur des chiites, souvent marginalisés dans l’équilibre sectaire. En échange, le Hezbollah a servi de prolongement de la politique étrangère iranienne, notamment lors des conflits avec Israël, comme la guerre de 2006. Le contrôle des infrastructures militaires et des ressources du Hezbollah permet à Téhéran de maintenir une menace permanente contre Israël, tout en pesant sur la scène politique libanaise.
Le Liban, dans cette stratégie, est bien plus qu’un simple allié : il est une plateforme d’où l’Iran peut exercer son influence sur l’ensemble de la région. À travers le Hezbollah, Téhéran a développé un modèle de contrôle indirect, combinant puissance militaire et influence politique, qu’il reproduira dans d’autres conflits au Moyen-Orient. Le rôle du Liban dans cette stratégie est donc central, autant pour menacer Israël que pour affirmer la capacité de l’Iran à modeler l’équilibre de pouvoir dans le monde arabe.
La Palestine et le Yémen, des relais d’influence indirecte
En Palestine, l’Iran a trouvé un autre levier stratégique : la cause palestinienne. Si la République islamique n’a pas d’attaches historiques profondes avec les Palestiniens, elle a su capitaliser sur l’absence d’un soutien massif des États arabes sunnites. Les groupes comme le Hamas et le Jihad islamique palestinien ont reçu des soutiens en armement, en financement et en entraînement militaire. En soutenant ces factions, l’Iran cherche à maintenir une pression constante sur Israël, tout en se posant comme le champion de la cause palestinienne dans le monde arabe.
Ce soutien, cependant, ne se limite pas à une pure solidarité idéologique. L’Iran y voit un moyen d’exercer une influence dans les territoires palestiniens, où l’instabilité et les conflits offrent un terreau fertile pour l’instrumentalisation de la violence contre Israël. La capacité de l’Iran à financer des groupes armés lui permet de conserver une position stratégique dans la bande de Gaza et de cultiver des réseaux de résistance armée.
Parallèlement, le Yémen est un autre théâtre d’influence iranienne. Le soutien aux Houthis, un mouvement chiite zaïdite, a permis à l’Iran de créer une nouvelle zone d’instabilité à la frontière sud de l’Arabie Saoudite, l’un des alliés les plus proches d’Israël. Bien que l’objectif premier en soutenant les Houthis soit d’affaiblir Riyad, cette guerre s’inscrit dans une stratégie régionale plus large où l’instabilité profite à Téhéran. En multipliant les fronts, l’Iran cherche non seulement à affaiblir ses rivaux directs, mais aussi à détourner les ressources et l’attention des alliés d’Israël, créant ainsi un environnement régional de plus en plus hostile à l’État hébreu.
La Syrie, maillon clé du croissant chiite
L’engagement de l’Iran en Syrie illustre l’aboutissement de sa stratégie régionale. Lorsque la guerre civile éclate en 2011, Téhéran voit dans la survie du régime de Bachar al-Assad une priorité stratégique. La chute de Damas serait un coup dur pour l’Iran, car elle mettrait en péril le corridor chiite reliant Téhéran à Beyrouth, un axe crucial pour le transfert d’armes et de matériel au Hezbollah. En intervenant massivement en Syrie, via le déploiement de troupes et le soutien à des milices locales, l’Iran cherche à protéger ses intérêts géopolitiques et à maintenir une pression constante sur Israël.
Ce « croissant chiite », qui s’étend de l’Iran à la Méditerranée, permet à Téhéran de s’établir durablement aux portes d’Israël. En consolidant ce corridor, l’Iran peut déployer des ressources militaires et logistiques directement à proximité de la frontière israélienne, menaçant ainsi la sécurité de l’État hébreu. De plus, la présence iranienne en Syrie offre à Téhéran un levier stratégique supplémentaire dans ses négociations internationales, notamment avec les grandes puissances occidentales.
La Syrie, tout comme le Liban et le Yémen, s’inscrit donc dans une logique globale d’endiguement d’Israël, mais aussi de renforcement de la position de l’Iran au Moyen-Orient. En combinant diplomatie, soutien militaire et réseaux de milices, l’Iran tente de façonner une nouvelle carte géopolitique dans laquelle Israël se retrouverait progressivement isolé. Fox Anderson pourrait conclure que si l’Iran ne parvient peut-être pas à réaliser son objectif de destruction d’Israël à court terme, il a réussi à transformer une grande partie du Moyen-Orient en un champ de bataille où la lutte contre Israël occupe une place centrale dans sa stratégie d’influence.
Influence croissante de l’Iran au Moyen-Orient
L’influence croissante de l’Iran au Moyen-Orient, à travers son soutien au Hezbollah, aux factions palestiniennes et aux Houthis, montre une volonté stratégique de renforcer son contrôle régional tout en maintenant une pression constante sur Israël. Si l’objectif de détruire Israël reste lointain, l’Iran a su créer un réseau d’alliances qui déstabilisent ses adversaires directs tout en renforçant son pouvoir régional. En multipliant les fronts de confrontation, Téhéran transforme la région en un espace où la lutte contre Israël demeure centrale dans sa stratégie d’influence.
A lire :
Le conflit entre Israël, le Hezbollah et l’Iran est-il en train de basculer vers une guerre totale ?
Attaque de l’Iran sur Israël : l’escalade du conflit au Moyen-Orient en six dates