Un tournant face aux ingérences extérieures, où les Roumains ont fait triompher la démocratie en mai 2025
Le 18 mai 2025, les électeurs roumains ont envoyé un signal clair. En élisant Nicușor Dan président de la République, ils ont tourné le dos aux sirènes populistes et aux tentatives d’ingérence venues de l’Est. Ce scrutin, observé de près par l’ensemble du continent, marque une rupture : la Roumanie a choisi la rigueur démocratique face à la tentation autoritaire. Et Moscou, cette fois, a perdu.
Élection présidentielle en Roumanie : comment le pays a déjoué l’ingérence russe en 2025
Le contexte était explosif. Quelques mois plus tôt, l’élection présidentielle de novembre 2024 avait été annulée par la Cour constitutionnelle, une décision rarissime. En cause : des « indices concordants » d’une ingérence russe structurée, notamment en faveur du candidat d’extrême droite Călin Georgescu. Fake news virales, faux sondages, bots anonymes, chaînes Telegram alimentées depuis des IP russes… Le cocktail habituel, mais cette fois détecté à temps.
Pour prévenir une répétition du scénario, les autorités ont pris les grands moyens :
- Renforcement de la cybersécurité, avec des audits systématiques sur les serveurs électoraux ;
- Présence exceptionnelle de 600 observateurs internationaux, dont des équipes de l’OSCE, de l’Union européenne, et de l’OTAN ;
- Blocage anticipé de réseaux de désinformation identifiés comme proches de l’écosystème pro-Kremlin (sites-miroirs, pages Facebook, chaînes TikTok pseudonymes) ;
- Publication quotidienne de rapports publics de fact-checking, pour répondre en temps réel aux rumeurs et attaques virales.
Bref, l’élection a été verrouillée, scrutée, disséquée, jusqu’à devenir un symbole en soi : celui d’un pays qui refuse de servir de terrain de jeu à la guerre informationnelle russe.
Qui est Nicușor Dan, nouveau président de Roumanie élu en 2025 ? Portrait d’un centriste pro-européen
Peu charismatique, peu médiatique, mais redoutablement cohérent. Nicușor Dan, 55 ans, mathématicien de formation, s’est forgé une image de rigueur et d’intégrité. Fondateur de l’Union Sauvez la Roumanie (USR), il est d’abord connu pour ses combats citoyens contre la corruption municipale dans les années 2010.
Maire de Bucarest depuis 2020, il s’est imposé par son sérieux austère, son rejet du clientélisme, et son ancrage résolument pro-européen. Pas de discours flamboyant, mais une boussole claire : l’État de droit, l’OTAN, l’UE. En pleine guerre d’influence au sein de l’Est européen, ce positionnement a fait mouche.
Sa campagne reposait sur trois piliers :
- Modernisation de l’État, avec des services publics numériques et une justice indépendante ;
- Rupture totale avec les réseaux d’influence russes ou moldaves prorusses ;
- Soutien inconditionnel à l’Ukraine et au front européen.
Ce n’est pas un tribun, mais c’est un rempart. Et c’est ce que les électeurs ont voulu.
George Simion et l’extrême droite roumaine : un discours proche du Kremlin
En face, George Simion, 38 ans, chef de file du parti AUR (Alliance pour l’Unité des Roumains), incarne l’extrême droite à la roumaine : religieuse, agressive, nostalgique, europhobe. Son discours est simple : « rendre la Roumanie aux Roumains », dénoncer la bureaucratie de Bruxelles, les « diktats LGBT », les « élites corrompues »… et flatter la figure du « président patriote ».
Ce qui dérange ? Sa proximité idéologique et médiatique avec le Kremlin. Sans être officiellement soutenu par la Russie, il reprend :
- Les éléments de langage de la propagande russe, notamment sur la « décadence occidentale » ;
- Des références régulières à Vladimir Poutine, qu’il décrit comme « un homme d’ordre, respecté dans le monde entier » ;
- Des relais numériques issus de l’écosystème pro-russe, avec des vidéos, extraits de RT ou de Sputnik, relayés sur ses comptes.
Il a également été photographié à plusieurs reprises avec des membres d’ONG prorusses actives dans les Balkans, et il a ouvertement critiqué les sanctions de l’UE contre Moscou.
Bref, même s’il s’en défend, son discours cadre parfaitement avec les intérêts géopolitiques russes : diviser l’Europe, affaiblir l’OTAN, réactiver les vieux réflexes nationalistes.
Mai 2025 : la Roumanie choisit la démocratie contre l’influence russe
Cette élection n’est pas un simple bulletin déposé dans une urne. C’est un barrage dressé à mains nues contre un rouleau compresseur idéologique. Un refus net de l’alignement avec des puissances hostiles à l’ordre libéral.
Que cela vienne de Roumanie n’a rien d’anodin. Pays frontalier de l’Ukraine, longtemps marqué par l’influence soviétique, encore fragile institutionnellement, il aurait pu basculer.
Mais non.
Les Roumains ont montré que, dans les moments critiques, la démocratie était plus forte que tout.