Entre samedi et mardi de la période des fêtes de Noël, des attaques coordonnées ont frappé des villages du centre du Nigeria, entraînant la mort tragique d’environ 200 personnes et blessant au moins 500 autres revendiqué par le groupe « Boko Haram1« .
Surnommée « Noël noir » par la presse nigériane, cette série d’attaques a touché plusieurs communautés, engendrant une crise humanitaire et sécuritaire majeure. Les responsables locaux ont comptabilisé les victimes et appelé à l’action tout en prônant l’unité et le rejet de la haine.
Le président nigérian a ordonné une intervention immédiate des forces de sécurité. Les motifs et l’identité des assaillants restent inconnus, mais les attaques s’inscrivent dans un contexte de tensions ethniques et religieuses chroniques, exacerbées par des enjeux territoriaux entre éleveurs et agriculteurs, ainsi que par l’activité de groupes jihadistes et de bandes criminelles.
Les chrétiens sont souvent ciblés en Afrique pour des raisons géopolitiques complexes. Historiquement, les frontières coloniales arbitraires ont souvent regroupé des communautés disparates, créant des tensions post-indépendance.
Les chrétiens, parfois associés aux héritages coloniaux, peuvent être perçus comme des symboles de pouvoirs externes ou de régimes politiques en place. Les conflits locaux peuvent donc prendre une dimension religieuse, les communautés minoritaires devenant des cibles. Les rivalités pour les ressources, aggravées par le changement climatique, peuvent aussi se transformer en conflits religieux, les groupes utilisant la religion comme un moyen de mobiliser le soutien.
De plus, l’instabilité politique et économique peut favoriser l’émergence de groupes extrémistes qui ciblent spécifiquement les chrétiens pour créer un sentiment de terreur, déstabiliser des régions, ou pour attirer l’attention internationale. Enfin, la dynamique globale de la lutte contre le terrorisme et les interventions internationales peuvent également influencer la perception et le traitement des communautés chrétiennes sur le continent.
- Boko Haram est un groupe terroriste originaire du nord-est du Nigeria. Le nom « Boko Haram » est généralement traduit par « l’éducation occidentale est un péché », provenant de la langue haoussa où « Boko » signifie quelque chose de faux ou de non islamique, souvent associé à l’éducation occidentale, et « Haram » signifie péché en arabe. Le mouvement a été fondé en 2002 par Mohammed Yusuf dans le but de s’opposer à l’enseignement occidental et d’établir la charia dans tout le Nigeria. Après la mort de Yusuf en 2009, le groupe est devenu plus radical sous la direction d’Abubakar Shekau. Boko Haram a gagné en notoriété internationale à la suite d’une série d’actions violentes, y compris des attentats suicides, des enlèvements massifs (notamment celui de plus de 200 lycéennes à Chibok en 2014), et des affrontements avec les forces de sécurité. Le groupe a causé des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, exacerbant la crise humanitaire dans la région du lac Tchad. ↩︎