L’Iran frappé, le monde s’interroge.
Entre le 12 et le 15 juin 2025, Israël a lancé plus de 200 frappes coordonnées sur des sites militaires et nucléaires en Iran. Résultat : des dizaines de morts, des installations clés réduites à néant, un programme nucléaire paralysé, et la diplomatie atomique torpillée – notamment les discussions prévues à Oman entre Téhéran et Washington.
En retour, l’Iran a répliqué par des salves de missiles. Spectaculaires, certes. Stratégiquement décisives ? Pas vraiment. Le régime se débat, s’épuise et s’enferme dans son isolement. La scène est occupée par l’émotion, le sang, les discours enflammés. Mais derrière le rideau, un autre acteur entre en scène.
La protestation pour la forme, la progression pour le fond
La Turquie a bien joué la partition attendue : condamnation verbale des frappes israéliennes, discours sur la souveraineté des États, appel au calme. Le tout enrobé d’une neutralité apparente, sans conséquence concrète. Mais dans les faits, Erdogan savoure.
Il ne soutient pas Tel-Aviv. Il ne défend pas Téhéran. Il observe, calcule, et avance. Comme toujours.
L’Irak, nouveau terrain d’influence
Pendant que l’Iran encaisse, la Turquie s’enracine. Le nord de l’Irak – zone kurde – est devenu une véritable extension militaire d’Ankara :
- Plus de 100 bases actives,
- Des routes militaires tracées en profondeur,
- Un accord tacite avec le gouvernement régional kurde (KRG),
- Et une coordination renforcée avec Bagdad, notamment depuis avril 2025.
Cette présence n’a rien de temporaire. Elle redessine la frontière. Elle change l’équilibre. Et surtout, elle réduit l’influence iranienne dans une région historiquement disputée entre milices chiites et acteurs sunnites ou turkmènes.

Bilan : quand Erdogan gagne sans combattre
Le Gagnant : la Turquie
- Elle proteste mollement contre l’attaque israélienne… mais en profite à fond.
- Elle installe ses bases en Irak, sécurise un couloir stratégique, s’impose sans un seul tir.
- Elle récolte la peur des Kurdes, le silence de Bagdad, l’oubli des Occidentaux.
- Elle joue sur tous les tableaux : anti-PKK, pro-Qatar, ex-alliée des États-Unis, faussement critique d’Israël.
- Elle gagne du terrain pendant que les autres comptent leurs morts.
Le Perdant : l’Iran
- Bombardé, isolé, humilié.
- Son programme nucléaire recule, ses généraux tombent, ses alliés hésitent.
- Sa riposte ? Bruyante mais inefficace.
- Ses voisins ? Inquiets mais distants.
- Sa posture de « résistance » sonne de plus en plus comme une impasse.
Une bascule silencieuse mais stratégique
Le Moyen-Orient ne bascule pas toujours dans le fracas des bombes. Il change aussi par le silence des faux alliés, par l’extension rampante de certaines armées, et par le recul de celles qui parlaient trop fort.
Erdogan n’a pas crié à l’injustice pour protéger l’Iran. Il a juste dit ce qu’il fallait pour éviter le scandale… pendant qu’il agrandissait son terrain de jeu.
C’est peut-être ça, le vrai coup de maître.
« Ceux qui parlent le plus de paix sont souvent ceux qui avancent en silence sur les ruines des autres. »