Droits des femmes en Afghanistan : une perspective historique
L’histoire des droits des femmes afghanes est marquée par de nombreux hauts et bas. Au début du XXe siècle, l’Afghanistan se distingue par un certain progrès en matière de droits des femmes, surtout au regard des normes internationales de l’époque. En 1919, les femmes afghanes obtiennent le droit de vote, un an avant que les États-Unis n’accordent ce droit à leurs citoyennes. L’ouverture de la première école pour filles en 1921 marque également un tournant important dans l’émancipation des femmes. Dans les années 1950, le pays abolit les pratiques strictes de ségrégation et de port du voile, offrant aux femmes davantage de liberté dans les sphères éducative et professionnelle.
Toutefois, ces avancées n’ont pas été uniformément acceptées. Le tournant vers la régression commence avec l’invasion soviétique et la montée des moudjahidines, pour culminer sous le premier régime taliban. Entre 1996 et 2001, les femmes sont bannies des écoles, des lieux de travail, et même des espaces publics, soumises à des règles vestimentaires strictes et à l’obligation de toujours être accompagnées d’un tuteur masculin. Bien que leur situation se soit brièvement améliorée après la chute des talibans en 2001, leur retour au pouvoir en 2021 a anéanti ces espoirs. Les femmes afghanes se retrouvent une fois de plus emprisonnées par des lois draconiennes qui réduisent leur liberté d’action, leur droit à l’éducation et leur rôle dans la société.
Le discours de Meryl Streep : un cri pour les femmes afghanes
L’actrice Meryl Streep, figure emblématique de la défense des droits humains, a récemment pris la parole pour dénoncer la condition des femmes en Afghanistan. Son discours a frappé par sa simplicité mais aussi par l’ampleur de la détresse qu’il expose : « Aujourd’hui, à Kaboul, une chatte a plus de libertés qu’une femme. Un chat peut s’asseoir sur un toit et sentir le soleil sur son visage. Elle pourrait chasser un écureuil dans le parc. Mais une fille en Afghanistan n’a même pas ce droit. » Par cette image frappante, Meryl Streep a rappelé au monde l’injustice profonde que vivent des millions de femmes sous les lois talibanes.
« Un écureuil a plus de droits qu’une fille en Afghanistan aujourd’hui, parce que les parcs publics ont été fermés aux femmes et aux filles. »
L’actrice a également souligné que les nouvelles lois imposées par les talibans, en plus d’interdire aux femmes de réciter le Coran en public, leur imposent de se couvrir intégralement le visage et de ne pas être vues en compagnie d’hommes autres que ceux de leur famille. Pour Streep, ces mesures ne sont qu’un prétexte pour justifier l’asservissement des femmes, sous couvert de les « protéger ». Elle a appelé la communauté internationale à agir, avertissant que l’inaction collective aboutira à « l’asphyxie lente de la moitié de la population afghane ». Son discours a fait écho à une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : la situation des femmes en Afghanistan n’est pas seulement un problème local, c’est une question de droits humains universels.
Les talibans imposent de nouvelles lois draconiennes : la désillusion des femmes afghanes
Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont renforcé leur emprise sur le pays, imposant des lois toujours plus restrictives. La police religieuse, nouvellement habilitée, patrouille dans les rues pour s’assurer que les femmes respectent des règles sévères. Celles-ci n’ont plus le droit de parler fort en public, de réciter le Coran, ou de croiser le regard d’un homme qui ne fait pas partie de leur famille proche. De simples foulards ne suffisent plus, et elles doivent désormais couvrir entièrement leur visage, une exigence supplémentaire qui symbolise leur effacement de la sphère publique.
Pour beaucoup, les derniers espoirs de voir les talibans assouplir leurs positions se sont envolés. « Il y a trois semaines, j’avais encore un peu d’espoir que les talibans changeraient et lèveraient les restrictions sur l’éducation des filles, » confie une jeune femme de Kaboul. Mais après la promulgation des nouvelles lois de la vertu et du vice, cet espoir s’est effondré. De nombreuses femmes ont cessé de fréquenter les écoles clandestines, effrayées par les menaces des autorités. D’autres ont tout simplement renoncé à sortir de chez elles. Le poids de la répression est tel que les femmes ont quasiment disparu des espaces publics, des arrêts de bus aux centres commerciaux, où la police religieuse traque la moindre infraction au code vestimentaire.
Les activistes féministes afghanes rappellent que ces lois n’ont rien à voir avec les préceptes du Coran, mais sont plutôt enracinées dans une interprétation archaïque de la culture pachtoune. Beaucoup craignent désormais même les membres féminins de la police religieuse, souvent plus zélées que leurs homologues masculins. Pour les Afghanes, l’injustice ne provient pas seulement des talibans, mais aussi du silence assourdissant de la communauté internationale. « Le monde restera complice de cette tragédie s’il continue de détourner les yeux, » déclare une jeune femme de Kaboul, résumant le sentiment d’abandon partagé par tant d’autres.
Un avenir sombre pour les droits des femmes afghanes
Depuis la reconquête du pouvoir par les talibans, les droits des femmes afghanes en Afghanistan ont été gravement restreints. Les lois, d’abord présentées comme temporaires, se sont durcies et ancrées dans le système juridique, anéantissant tout espoir de réforme à court terme. Ce pays, autrefois perçu comme un modèle de progrès pour les femmes musulmanes, est aujourd’hui devenu un cimetière pour leurs rêves. Le manque de réaction de la communauté internationale risque d’entraîner une perte définitive de ces droits si durement acquis. Comme l’a si justement souligné Meryl Streep, seule une mobilisation collective mondiale peut empêcher que la moitié de la population afghane ne soit réduite au silence.
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