De violentes émeutes ont éclaté un peu partout au Royaume-Uni De violentes émeutes ont éclaté un peu partout au Royaume-Uni

Émeutes au Royaume-Uni : une crise profonde depuis le Brexit

Violentes émeutes au Royaume-Uni. Les tensions raciales font rage, mais les problèmes économiques sont la cause première des émeutes

Les émeutes au Royaume-Uni durent depuis 10 jours

Après le meurtre de trois petites filles âgées de 6, 7 et 9 ans le 29 juillet dernier, à Southport, de violentes émeutes ont éclaté un peu partout au Royaume-Uni. Le pays est secoué par de violentes émeutes sur fond de discours anti-immigration et contre les étrangers

Le déclencheur immédiat de ces émeutes au Royaume-Uni a été l’attaque tragique de Southport, où les trois jeunes filles ont été tuées lors d’un événement public​. Cet incident a été suivi de désinformation sur les réseaux sociaux, qui a rapidement exacerbé les tensions raciales. Des rumeurs infondées ont circulé, présentant à tort l’attaquant comme un immigrant musulman, ce qui a été exploité par des figures d’extrême droite pour attiser les sentiments xénophobes​.

Les émeutes se sont répandues dans plusieurs villes, notamment Liverpool, Manchester, et Bristol, et ont été marquées par des attaques contre des mosquées, des logements de migrants, et des confrontations violentes avec la police​. Selon des experts, la propagation rapide de fausses informations sur les réseaux sociaux a joué un rôle crucial dans l’escalade de la violence​. Mais cela n’est pas la seule raison, ces émeutes sont surtout le reflet de tensions sociales et politiques latentes depuis des années. Selon la police, plus de 400 arrestations ont déjà été effectuées. Parmi elles, des enfants âgés de 11 ans seulement.

Les problèmes économiques : cause première des émeutes au Royaume-Uni ?

Si c’est une fake news qui a déclenché cette explosion de violence, ces émeutes se sont nourries pendant des années de multiples facteurs.

« Ça va très mal en Grande-Bretagne » depuis le Brexit, les sentiments de déclassement, les crises de l’industrie, l’inflation, le manque de logements, la perte de pouvoir d’achat, les fausses promesses du Brexit, la disparition de la classe moyenne, sont les réelles origines des troubles et émeutes que subit le Royaume-Uni aujourd’hui.

Depuis le référendum de 2016 sur le Brexit, le pays a subi des bouleversements économiques significatifs. La décision de quitter l’Union européenne a entraîné une baisse du commerce avec l’UE, avec une diminution estimée à 15 % des échanges commerciaux par rapport aux niveaux antérieurs​. Ce déclin s’explique par les nouvelles barrières commerciales et les incertitudes liées aux accords commerciaux post-Brexit, qui ont réduit la compétitivité du Royaume-Uni sur la scène internationale​.

En outre, le Brexit a engendré une diminution des investissements étrangers, alors que les entreprises hésitent à s’engager dans un marché marqué par l’incertitude. La perte de main-d’œuvre qualifiée, due à la baisse de l’immigration en provenance de l’UE, a également impacté des secteurs clés de l’économie britannique​. La combinaison de ces facteurs a conduit à une stagnation de la croissance économique, une hausse de l’inflation nettement supérieure à celle de la zone euro, et une érosion du pouvoir d’achat des ménages​ (Evening Standard).

Les problèmes migratoires et de racisme outre manche

La question de l’immigration est au cœur des débats au Royaume-Uni, exacerbée par le Brexit et les promesses de « reprendre le contrôle » des frontières. Bien que l’immigration en provenance de l’UE ait diminué, elle a été remplacée par une immigration en provenance de pays non européens, souvent perçue comme moins qualifiée​. Cette situation a conduit à des tensions dans les communautés locales, où les migrants sont parfois vus comme responsables de la pression sur les services publics et de la concurrence sur le marché de l’emploi non qualifié​.

Les récentes émeutes ont mis en lumière ces tensions, certains manifestants exprimant un ressentiment contre ce qu’ils perçoivent comme une immigration incontrôlée​. Les discours politiques et médiatiques stigmatisant les migrants ont exacerbé ces sentiments, créant un climat de suspicion et de division. Malgré les défis, le Royaume-Uni continue de faire face à des flux migratoires importants, notamment de demandeurs d’asile traversant la Manche​.

Aussi, dans la société britannique, l’héritage impérialiste continue d’influencer les attitudes culturelles, notamment en alimentant un antagonisme envers les populations noires. Certains politiciens et journalistes n’hésitent pas à associer la culture noire à la criminalité. Il existe une distinction persistante entre les descendants de colons et ceux des colonisés, qui reste sous-jacente dans la société.

L’arrivée du parti d’extrême droite Reform UK au Parlement britannique a contribué à libérer certains discours extrémistes. La décision du Premier ministre Keir Starmer d’annuler le projet de renvoi des immigrés clandestins vers le Rwanda a aussi renforcé les tensions. Les groupes d’extrême droite ont élargi leur influence grâce aux réseaux sociaux, permettant à des figures telles que Tommy Robinson de gagner en popularité.

Comme souvent hélas, le rejet des étrangers « s’explique » également par une détérioration de la situation sociale, marquée par la progression de la pauvreté, les conflits raciaux, et les problèmes d’immigration, amenant de nombreuses personnes à trouver des boucs émissaires.
Le modèle « communautariste » anglais est en panne tout comme celui de « l’intégration » français par exemple.

Malgré tout le Royaume-Uni n’est pas si raciste qu’on le montre depuis 10 jours.

Malgré les violences récentes, il est important de reconnaître que le Royaume-Uni reste un pays diversifié avec une tradition de tolérance et d’inclusion. Les actions de quelques extrémistes ne reflètent pas l’opinion de la majorité des Britanniques, qui valorisent la diversité culturelle et la coexistence pacifique. De nombreuses organisations et personnalités publiques ont condamné les émeutes et exprimé leur solidarité avec les communautés ciblées​.

Le gouvernement et les ONG travaillent activement à promouvoir la cohésion sociale et à lutter contre la discrimination. Des initiatives visant à renforcer l’intégration des migrants et à améliorer les relations intercommunautaires sont en cours. Bien que les défis persistent, l’Angleterre s’efforce de bâtir un avenir plus inclusif et harmonieux, en s’appuyant sur ses valeurs historiques d’accueil et de tolérance.

En conclusion, les émeutes récentes au Royaume-Uni sont le symptôme d’une crise plus large, alimentée par des facteurs économiques, sociaux et politiques complexes. Cependant, elles ne doivent pas masquer les efforts continus du pays pour surmonter ces défis et renforcer sa cohésion sociale.

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