Le vert parisien d’Anne Hidalgo n’est pas la verdure espérée

Découvrez la réalité derrière les politiques d’Anne Hidalgo sur l’écologie à Paris. Les chiffres révèlent une autre histoire.

Le récit officiel : une capitale qui se verdit

Depuis quinze ans, Anne Hidalgo, maire de Paris, se raconte comme la championne d’une capitale pionnière en matière d’écologie. Plans arbres, forêts urbaines, rues aux écoles, “ville respirable” : l’imaginaire est séduisant. Mais si l’on délaisse les plaquettes de communication pour observer la réalité des sols et des chiffres, le tableau change. Derrière les annonces, Paris s’est surtout minéralisé depuis 2010.

Anne Hidalgo et sa caution verte

Arbres : un patrimoine qui stagne ?

En 2010, la Ville comptait environ 184 000 arbres d’alignement intra-muros, hors bois de Boulogne, de Vincennes et parcs historiques (Buttes-Chaumont, Montsouris).
En 2024, sous l’autorité d’Anne Hidalgo, on retrouve un chiffre comparable : toujours autour de 184 000 arbres.

Malgré les proclamations de “milliers d’arbres plantés”, la réalité est plus modeste. Chaque année, l’équipe municipale en plante environ 2 400, mais en abat aussi 2 000 à 3 000. Le solde net est quasi nul : les plantations compensent les pertes, sans expansion réelle du patrimoine arboré.

Sols vivants : un recul constant après 2 mandats

En 2010, les sols perméables représentaient encore 20 à 22 % de la surface parisienne.
En 2020, l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme) ne mesure plus que 18 %.

Concrètement, cela signifie qu’en dix ans, Paris est passée d’environ 23 km² de sols vivants à seulement 19 km².
Une perte nette de plus de 4 km², soit l’équivalent de quatre parcs des Buttes-Chaumont ou d’un quart du bois de Boulogne.

La cause ? Les réaménagements portés par Anne Hidalgo et son équipe ont multiplié les revêtements minéraux :

  • Place de la République (2013) : grand plateau dallé, quelques arbres, zéro pleine terre.
  • Place de la Bastille (2019) : esplanade dégagée, minérale, faiblement végétalisée.
  • Place de la Concorde (2024–2025) : annoncée comme “végétalisée”, mais centrée sur la pierre et le bitume.

Ces opérations illustrent une contradiction : beaucoup d’espace pour l’événementiel, mais peu pour la nature.

Le paradoxe du granit pavé gris

Il faut le reconnaître : les grandes places rénovées par la mairie affichent de très belles finitions en granit pavé gris. Esthétiquement, cela impose une certaine noblesse au paysage urbain. Mais écologiquement, le choix est problématique.

Contrairement à l’herbe ou à la terre, qui restituent de la fraîcheur, le granit absorbe la chaleur du jour et la libère la nuit. En période de canicule, ces surfaces deviennent de véritables radiateurs urbains. Les dalles chauffées créent des îlots de chaleur qui empêchent la ville de se rafraîchir.

Ce contraste est cruel : là où un sol vivant apaiserait l’air, le pavé minéral contribue à amplifier les chaleurs extrêmes. On est loin du “vert durable” ou du “vert écologique” revendiqué par Anne Hidalgo.

La caution verte d’Anne Hidalgo : le vélo

Côté image, la maire de Paris met en avant un atout fort : le vélo.
En 2010, on comptait environ 200 km d’aménagements cyclables intra-muros.
En 2024, la Ville revendique plus de 1 000 km. Mais dans ce total, seulement un tiers correspond à de vraies pistes séparées. Les deux tiers restants sont en réalité des bandes cyclables peintes ou des couloirs bus partagés.

Autrement dit : on a multiplié par cinq les aménagements, mais pas le confort ni la sécurité réels pour les cyclistes. Histoire de couper court à la communication trop flatteuse.

Et à côté de cette multiplication des pistes, Paris connaît une hausse sensible des accidents cyclistes. Entre 2015 et 2020, par exemple, les accidents impliquant un vélo dans la capitale ont augmenté de 37 %, avec une nette progression des blessés (et même des morts : de 4 en 2019 à 8 en 2020) senat.fr. Ce n’est pas un effet secondaire ; c’est le résultat tangible d’un réseau multiforme, fragmenté, parfois dangereux.

Enfin, il faut le rappeler : ces pistes restent du bitume, pas du sol vivant. Paris a transformé du béton automobile en béton cyclable, sans gain écologique direct.

Comparatif 2010–2024

Indicateur20102024Évolution
Arbres intra-muros~184 000~184 000Stagnation
Sols perméables~22 % (23 km²)~18 % (19 km²)Recul (–4 km²)
Aménagements cyclables~200 km>1 000 km (dont 1/3 pistes séparées)Multipliés par 5 (mais 100 % minéraux)

Anne Hidalgo : la minéralité habillée de vert

Sous Anne Hidalgo, Paris n’a pas gagné en verdure, mais en minéralité habillée de vert.
La communication officielle valorise les arbres plantés et les grandes inaugurations. Mais la réalité est moins flatteuse : des sols de moins en moins vivants, des places de plus en plus minérales, des aménagements cyclables brandis comme un totem écologique.

Le vert parisien, ce n’est pas la verdure.
C’est une image politique. Pendant ce temps, la capitale perd ce qui faisait sa respiration ordinaire : ses petites bordures d’herbe, ses sols poreux, ses coins de terre.

Sources

  • APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme) : études sur la part de sols perméables et rapports sur le potentiel de désimperméabilisation.
  • Ville de Paris / Paris Data (Open Data) : inventaire géolocalisé des arbres ; datasets “espaces verts supplémentaires” ; Plan Arbre (2020–2026).
  • DRIEAT Île-de-France : suivi de l’occupation du sol à grande échelle (OCS-GE) et données sur l’imperméabilisation des sols.
  • Data.gouv.fr : “Stock et flux d’imperméabilisation par commune” (séries 2011–2021 et 2019–2022).
  • Institut Paris Région (MOS) : occupation du sol historique (1982 → 2017).
  • Communiqués Ville de Paris : bilans de plantations (“213 000 arbres plantés”), annonces sur les forêts urbaines et projets de places.