La spirale des interdictions pour Les femmes afghanes
Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les talibans ont instauré des lois répressives qui touchent chaque aspect de la vie des femmes. Désormais, elles ne peuvent plus réciter des versets coraniques, chanter, ou lire à voix haute en public. La parole féminine, autrefois un symbole de vie sociale, est désormais muselée par un régime qui utilise la religion pour justifier son contrôle. Un nouveau texte de 114 pages, ratifié récemment, codifie ces interdictions sous forme de 35 articles, renforçant une oppression déjà omniprésente (parole, vêtements, hygiène, regards…).
Non seulement les femmes sont exclues de l’éducation dès l’âge de 12 ans, mais elles doivent aussi respecter des codes vestimentaires rigoureux : burqa obligatoire, vêtements ni fins, ni serrés, ni courts, et l’interdiction de se maquiller ou de se parfumer. Tout écart est sanctionné par des peines allant d’un avertissement verbal à une garde à vue de plusieurs jours. Cette institutionnalisation du contrôle marque un retour officiel aux heures les plus sombres de l’Afghanistan, semblable au premier régime taliban de 1996 à 2001.
La répression systémique des femmes en Afghanistan
Cette oppression des femmes afghanes ne se limite pas aux apparences : elle cible également la liberté de mouvement et d’interaction entre femmes. Les Afghanes n’ont pas le droit de regarder des hommes sans lien familial ou marital, renforçant une séparation stricte entre les sexes. La police des mœurs, bras armé du ministère de la propagation de la vertu et de la prévention du vice, veille à l’application rigoureuse de ces lois. Leur présence omniprésente, surtout dans les espaces publics de Kaboul, terrorise les femmes, réduisant leurs apparitions à une rareté.
Des sanctions arbitraires, allant de simples menaces à des amendes voir des bastonnades, renforcent ce climat d’oppression. Même les femmes engagées dans des initiatives clandestines, comme l’éducation privée des jeunes filles, vivent dans une peur constante. L’enseignement, pourtant un droit fondamental, est ainsi criminalisé, condamnant des générations entières à l’ignorance.
La communauté internationale complice par son silence
La promulgation de ces lois a attiré des condamnations symboliques de la communauté internationale, mais aucune action concrète n’a suivi. En juin dernier, l’ONU a tenté une rencontre avec les dirigeants talibans pour favoriser le dialogue sur le sujet des femmes Afghanes. Pourtant, ces efforts diplomatiques se sont soldés par un échec retentissant, comme en témoigne l’expulsion définitive de Richard Bennett, Rapporteur spécial sur les droits humains en Afghanistan.
Les talibans, en quête de reconnaissance diplomatique, semblent jouer une stratégie cynique, utilisant les droits des femmes comme monnaie d’échange. Mais cette approche ne fait qu’accroître leur isolement. Pendant ce temps, des millions de femmes afghanes vivent dans une prison à ciel ouvert, abandonnées par les institutions internationales et les puissances occidentales. Ce silence complice de l’ONU et des gouvernements occidentaux symbolise une trahison des principes universels des droits humains.
L’abandon des femmes afghanes sur l’hôtel des nations désunies
L’inaction face à la crise afghane expose une hypocrisie flagrante des nations qui se revendiquent défenseurs des droits humains. Alors que l’Occident détourne le regard, la situation des femmes en Afghanistan empire jour après jour. La femme afghane disparaît peu à peu dans un silence assourdissant. Ce silence, loin d’être neutre, renforce la légitimité du régime taliban et perpétue l’injustice. Les Afghanes, malgré leur résistance silencieuse, sont laissées à leur sort, condamnées par l’apathie d’un monde qui semble avoir choisi de les oublier.
A lire :
- France : La reconnaissance d’un groupe social des femmes afghanes par la CNDA
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- En Afghanistan, le régime taliban réduit désormais les femmes au silence
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- Taliban begins enforcing new draconian laws, and Afghan women despair