L’essentiel en une phrase
Il y a des combats qui révèlent ce qu’on est. Applaudir la libération d’un terroriste sans jamais évoquer ses crimes, c’est choisir le camp du brouillage moral et, peut-être, de la lâcheté intellectuelle. Pire encore, vis à vis des familles des victimes, c’est une nouvelle agression.
Marine Tondelier, les bons sentiments au mauvais endroit ?
« Il existe encore des bonnes nouvelles : la libération du militant Georges Ibrahim Abdallah en est une. »
Ce tweet de Marine Tondelier, cheffe de file d’Europe Écologie-Les Verts, n’est pas qu’une faute de goût. C’est une faute politique majeure.
En qualifiant Abdallah de simple « militant », sans un mot pour les deux diplomates assassinés, ni pour la justice française, ni même pour les familles des victimes, elle fait plus que déformer : elle efface. Les crimes pour lesquels il a été condamné sont transformés en simples actes politiques, une honte
La mémoire courte n’est pas une politique
Petit rappel utile pour ceux qui auraient manqué l’épisode (ou feignent de l’avoir oublié) :
- 1982 : assassinat à Paris de Charles Ray, attaché militaire américain, et de Yacov Barsimantov, diplomate israélien.
- 1984 : tentative d’attentat contre un consul américain.
- 1987 : Georges Ibrahim Abdallah est condamné à perpétuité pour complicité de ces meurtres, revendiqués par un groupe armé marxiste-léniniste : les Factions armées révolutionnaires libanaises (FARL).
- Il n’a jamais exprimé de remords, jamais proposé d’indemnisations substantielles aux familles. Il a toujours revendiqué son action comme un « acte de résistance ».
Alors non, il ne s’agit pas d’un lanceur d’alerte, ni d’un intellectuel dissident. Il s’agit d’un homme condamné pour terrorisme. Point.
Georges Ibrahim Abdallah Militant ? Non. Terroriste.
Le glissement sémantique est mince, mais lourd de conséquences : parler de « militant » ici revient à transformer un complice de meurtres politiques en héros romantique.
C’est absoudre la méthode, sous prétexte qu’on partage (peut-être) une partie du fond.
Mais il n’y a aucune cause légitime qui justifie d’abattre des diplomates dans la rue. Aucun combat — aussi noble soit-il — qui autorise le crime en démocratie.
Le terrorisme n’est pas une opinion. Ça constitue un crime.
L’écologie politique a-t-elle perdu sa boussole ?
Ce qui rend cette déclaration encore plus dérangeante, c’est qu’elle vient du camp écologiste, historiquement enraciné dans les valeurs de non-violence, de dialogue, et de résistance civique.
Derrière ce tweet, on ne lit pas un message de justice ou d’humanité. On lit une rhétorique militante aveugle, qui semble dire :
« S’il est contre l’impérialisme, alors tout est excusable. »
Mais c’est précisément cette logique qui ronge les démocraties de l’intérieur. Celle qui transforme des assassins en « victimes » du système, dès lors qu’ils cochent les bonnes cases idéologiques pour cette gauche (anti Israël et anti américain).
La justice, elle, n’a pas oublié
Que Georges Ibrahim Abdallah soit libéré aujourd’hui après 40 ans de prison n’a rien d’un scandale en soi. C’est le fruit du droit français, qui permet à une personne détenue depuis quatre décennies (au comportement carcéral jugé « exemplaire ») d’être enfin libérée, sous condition, et expulsée. Même si celui-ci n’a jamais regretté ses actes.
Mais le fait qu’on puisse saluer cette libération sans un mot sur ses crimes, sans un mot sur les victimes, sans même un soupçon de gravité…
Ça, c’est le vrai scandale que l’on doit reprocher aux écologistes français, qui n’en sont plus à leur coup d’essai.
Il ne faut pas confondre la charge de la culpabilité
Oui, il est normal, au regard du droit, qu’un détenu puisse sortir après 40 ans.
Mais non, il n’est pas normal, qu’un responsable politique fasse passer cette libération pour une victoire du progrès, en oubliant volontairement qu’elle concerne un terroriste condamné. Encore plus de la part d’une élue de la république, tel que Marine Tondelier, qu’elle s’est engagé à défendre.
« La démocratie, ce n’est pas l’oubli. »
La démocratie, c’est la mémoire, même quand elle dérange nos conforts idéologiques.