Nouvelle-Calédonie au bord du chaos : état d'urgence face à des émeutes destructrices Nouvelle-Calédonie au bord du chaos : état d'urgence face à des émeutes destructrices

Nouvelle-Calédonie au bord du chaos : état d’urgence face à des émeutes destructrices

Nouvelle-Calédonie en crise : émeutes, incendies et pillages. Les autorités déclarent l’état d’urgence pour rétablir l’ordre public.

La situation en Nouvelle-Calédonie a atteint un niveau critique, avec la région au bord d’une guerre civile. Depuis plusieurs jours, Nouméa est le théâtre d’émeutes et d’insurrections, marquées par des actes de violence tels que l’incendie et le pillage de commerces, y compris de grandes enseignes comme Carrefour et Décathlon, ainsi que de nombreux petits commerces. Les écoles, commissariats et maisons privées n’ont pas été épargnés, exacerbant la crise avec des familles chassées de leurs domiciles incendiés. Face à cette escalade, certains résidents ont commencé à ériger des barricades et à s’armer.

Le bilan des victimes et des destructions ne cesse de s’alourdir malgré les différents appels au calme. La réponse des autorités a été de déclarer l’état d’urgence, interdisant tous les déplacements et manifestations et autorisant l’intervention de l’armée pour tenter de rétablir l’ordre. Un conseil de défense spécial a été convoqué, et le président Emmanuel Macron a annulé ses engagements prévus pour se consacrer à la gestion de cette crise. Cette mesure extrême souligne la gravité de la situation et la nécessité d’une action immédiate pour prévenir une escalade plus grande de la violence.

Un projet de loi parfait bouc-émissaire serait à l’origine de cette explosion ?

Que contient le projet de loi contesté ?

Au fil des années, ces conditions restrictives ont augmenté la proportion d’électeurs privés de droit de vote au scrutin provincial alors qu’ils sont autorisés à voter aux élections nationales (présidentielle, municipales…).

En 2023, cela concernait ainsi près d’un électeur sur cinq, contre seulement 7,5% en 1999, une situation « contraire aux principes démocratiques et aux valeurs de la République », selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Pour y remédier, le gouvernement souhaite élargir le corps électoral avec un système toujours restreint mais « glissant », en l’ouvrant à tous les natifs et aux personnes domiciliées sur le territoire calédonien depuis au moins dix ans. Environ 25.000 électeurs pourraient alors intégrer la liste électorale. Le prochain scrutin provincial est censé se tenir avant le 15 décembre.

Pourquoi la révision de la procédure de vote est-elle décriée ?

Certains indépendantistes, opposés à la réforme, accusent l’État de vouloir « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak », qui représentait 41,2% de la population de l’archipel au recensement de 2019, selon l’Insee.

La gauche rend responsable de gouvernement de la situation en Nouvelle-Calédonie

« Emmanuel Macron et sa majorité ont remis le feu à la Nouvelle-Calédonie. En trois ans, l’exécutif a bouleversé l’équilibre fragile qui régnait dans l’archipel depuis des décennies. Des violences y ont éclaté en marge de l’examen d’une révision constitutionnelle à laquelle les indépendantistes s’opposent. Le chef de l’État entend désormais sauver une situation qu’il a lui-même rendue désespérée. »

Pourtant le même journal titrait en novembre 2023 « En Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes doivent se réinventer. Deux ans après le troisième référendum d’autodétermination, la Nouvelle-Calédonie doit trouver une suite à l’accord de Nouméa. Une gageure pour les indépendantistes, confrontés à des divisions internes et à un manque de renouvellement. »

Le projet de loi de modification du corps électoral pour les élections au Congrès et aux Assemblées de Province de la Nouvelle-Calédonie que le gouvernement nous demande d’adopter aujourd’hui et un avatar de « cette civilisation coloniale décadente » dont la macronie partage l’état d’esprit fait de mépris et de brutalité contre la souveraineté populaire.

Danièle Obono (députée LFI)

Alors imaginez un instant que la France métropolitaine adopte les règles électorales de la Nouvelle-Calédonie, en classifiant les électeurs en fonction de leurs origines ou de la date de leur installation dans une région. Sous ce régime, un citoyen guadeloupéen se verrait retirer son droit de vote pour les élections cantonales, un Martiniquais serait exclu des scrutins régionaux dans l’Hexagone, et tous les natifs des territoires d’outre-mer seraient uniquement autorisés à voter lors des présidentielles. De même, des millions de Français d’origine immigrée perdraient leur droit de vote. Cette perspective paraît absurde et discriminatoire, n’est-ce pas ?

Pourtant, c’est exactement ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie avec les listes électorales spéciales pour les élections provinciales et du Congrès. Pour pouvoir voter aux élections du Congrès et des assemblées de province, les résidents doivent s’inscrire sur une liste électorale spéciale qui impose des critères restrictifs basés sur l’ancienneté de domicile ou des liens familiaux remontant à la consultation de 1998. Ceux qui ne remplissent pas ces critères sont simplement exclus du vote provincial, malgré leur citoyenneté pleine et entière.

Ces restrictions semblent être une relique d’une époque révolue, un vestige de méfiance et de ségrégation qui n’a plus sa place dans une société qui valorise l’égalité démocratique et les droits civiques. Elles soulignent une contradiction frappante avec les principes démocratiques et les valeurs de la République française, illustrant une situation où l’absurdité des règles électorales en Nouvelle-Calédonie paraît d’autant plus flagrante lorsqu’on envisage leur application hypothétique en métropole.

La situation en Nouvelle-Calédonie est extrêmement tendue. C’est une affaire sérieuse

La réalité est comme toujours ailleurs. Pour preuve, le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) lance un appel au calme et demande la levée des barrages.

La situation en Nouvelle-Calédonie est extrêmement tendue, avec des violences qui frôlent la guerre civile, notamment à Nouméa où des émeutes et des insurrections ont éclaté. Ces troubles ont entraîné des pillages et des incendies de commerces, ainsi que des attaques contre des écoles, des commissariats, et des maisons privées. Des émeutiers de bâtons, machettes et armes terrorisent la population, qui de son côté crée des barrages et des barricades pour protéger leurs biens en s’armant aussi de leur côté. À cette heure, la crise a tragiquement coûté la vie à quatre personnes, dont un gendarme, et laissé des centaines de blessés dans son sillage.

Les attaques sont menées au son d’insultes racistes anti-blancs. On nous demande de, je cite, « rentrer chez nous ». Nous ne sommes pas face à une revendication d’égalité, mais plutôt à une exigence visant à expulser une partie de la population de Nouvelle-Calédonie, ce qui constitue une revendication exclusivement raciste.

Sonia Backès, présidente de l’assemblée de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie

Le conflit actuel trouve ses racines dans l’histoire politique complexe de l’archipel. Depuis les années 1980, des affrontements entre indépendantistes et loyalistes à la France ont marqué le territoire. Des accords de paix, comme ceux de Matignon en 1988 et l’accord de Nouméa en 1998, ont tenté de stabiliser la situation par l’octroi d’une autonomie élargie et la planification de référendums sur l’indépendance. Cependant, les trois référendums organisés entre 2018 et 2021 ont tous abouti à un rejet de l’indépendance, bien que le dernier ait été boycotté par les indépendantistes, rendant les résultats controversés.

La crise actuelle a été exacerbée par des projets de réforme du corps électoral, qui envisagent d’inclure davantage d’électeurs, notamment européens, en exigeant une résidence de dix ans sur l’île pour pouvoir voter aux élections locales. Cette modification a provoqué l’ire des indépendantistes, craignant une dilution de leur influence politique.

Des tentatives de négociation pour trouver un nouvel accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie sont en cours, impliquant toutes les parties politiques. Toutefois, la situation reste volatile avec des incidents de violence et des revendications qui, selon certains témoignages, auraient des motifs racistes, exacerbant les tensions et le climat déjà lourd.

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