Mutation énergétique de l’Uruguay : une transformation nationale en trois actes au pays des Gauchos
Une crise comme déclencheur
En 2008, l’Uruguay, pays de 3,4 millions d’habitants, était pris dans les filets de la volatilité énergétique mondiale. La flambée des prix du pétrole – atteignant 145 dollars le baril cette année-là – a bouleversé un pays entièrement dépendant de l’importation de combustibles fossiles. Les factures d’électricité explosaient, et la colère montait parmi la population.
Pour répondre à cette crise, le gouvernement de l’époque, dirigé par le président Tabaré Vázquez, cherchait désespérément des solutions. C’est dans ce contexte tendu qu’un physicien, Ramón Méndez Galain, fut invité à prendre les rênes de la transition énergétique du pays. Sa proposition, audacieuse pour l’époque, était claire : abandonner les énergies fossiles et miser massivement sur les énergies renouvelables, notamment l’éolien.
Ce qui semblait une utopie devint rapidement une stratégie nationale. Le pays lança un plan ambitieux : construire des dizaines de parcs éoliens, renforcer ses infrastructures hydroélectriques et redéfinir les priorités énergétiques.
L’Uruguay réalise une transition exemplaire
En l’espace de 15 ans, l’Uruguay est devenu l’un des leaders mondiaux des énergies renouvelables. Aujourd’hui, jusqu’à 98 % de son électricité provient de sources renouvelables. Cet exploit repose sur une mobilisation collective : le gouvernement, le secteur privé et les citoyens ont été embarqués dans un projet commun, porté par un récit national convaincant.
Ramón Méndez Galain, le visionnaire derrière cette révolution, a su briser les préjugés : « Trop cher », « trop intermittent », « destruction d’emplois » étaient des objections récurrentes. Pourtant, l’Uruguay a prouvé que la transition verte pouvait générer des bénéfices sociaux et économiques. Environ 50 000 emplois ont été créés, et la pauvreté, autrefois à 40 %, a été réduite à 10 %.
Ce succès s’explique aussi par des conditions favorables : des vents puissants, une stabilité politique et des investissements étrangers soutenus par une fiscalité incitative. Mais au-delà des chiffres, ce sont les histoires individuelles qui incarnent cette transition.

Les Gauchos uruguayens : l’énergie verte au cœur des champs
Au nord de Montevideo, dans les plaines verdoyantes, Santiago Revello, éleveur de bœufs, était au bord d’un dilemme en 2009. Sa ferme familiale, soumise à des marges de plus en plus serrées, envisageait de mettre la clé sous la porte. C’est alors qu’il rencontra Fernando Schaich, un entrepreneur en énergies renouvelables, porteur d’une idée révolutionnaire : transformer ses terres en site d’accueil pour un parc éolien.
Initialement sceptique, Revello fut convaincu par l’assurance que l’installation des éoliennes n’interférerait pas avec l’élevage de son bétail. Après des mois de travail et de planification, 22 turbines furent érigées sur ses terres, générant une nouvelle source de revenus pour sa famille tout en préservant ses activités agricoles.
« Ce n’était pas qu’une question d’argent », confie Revello. « C’était l’opportunité de participer à quelque chose de plus grand. » Aujourd’hui, son succès inspire d’autres agriculteurs à envisager des collaborations similaires, transformant les plaines rurales d’Uruguay en un moteur de la révolution énergétique.
L’Uruguay un pays devenu un modèle de l’écologie
L’histoire, récente, de l’Uruguay montre que la transition verte n’est pas seulement une question de politiques publiques ou d’infrastructures, mais aussi de volonté collective et d’innovation locale. Ce petit pays d’Amérique du Sud offre au monde un modèle convaincant : celui d’un avenir où économie, écologie et progrès social se renforcent mutuellement.