Chronique absurde d’un crash annoncé.
Scène 1 — Le décollage sans kérosène
« Mesdames et messieurs, ici votre commandant Lecornu. Nous allons tenter un décollage dans un ciel instable, sans majorité et avec un réacteur gauche socialiste menaçant d’exploser.«
Quelques applaudissements étouffés. Le personnel de bord – un certain Retailleau à l’Intérieur – croise les bras :
« Commandant, je n’ai pas été informé du plan de vol. Vous m’avez caché la présence de Le Maire à bord.«
« Mais enfin, c’était dans le manifeste de vol !«
« Je ne lis jamais les manifestes, ça porte malheur.«
Et déjà, une secousse. À gauche, les passagers socialistes attachent leurs ceintures et dégainent leurs motions de censure. À droite, les Républicains révisent leur plan de survie. Au centre, le copilote président observe, impassible, un radar où tout clignote rouge.
Scène 2 — Le chacun pour soi à 30 000 pieds
La cabine est en turbulence. Les passagers hurlent, les ministres changent de siège en plein vol.
« Monsieur le Premier ministre, le gouvernail socialiste ne répond plus !«
« C’est normal, il est dans l’opposition !«
« Mais c’est vous qui leur avez confié la clé du cockpit !«
Lecornu tente une manœuvre d’urgence : discours d’unité, promesse de dialogue, gage d’ouverture… Rien n’y fait. Le radar s’éteint.
Une voix grésille dans les hauts-parleurs :
« Ici le président de la tour de contrôle. Nous vous laissons vous débrouiller. Pensez à sourire à l’atterrissage, les caméras sont en direct.«
Scène 3 — Le ministre de l’Intérieur tire le manche
Retailleau, en sueur, s’avance :
« Je prends les commandes. On va rentrer dans la réalité.«
« Mais on n’a plus d’essence monsieur le Ministre !«
« Alors on planera sur nos convictions.«
Et soudain, silence. L’appareil descend lentement, majestueusement, vers le tarmac d’un pays qui regarde, hagard. Les socialistes agitent leurs mouchoirs. Les Républicains applaudissent par réflexe. Les centristes cherchent la sortie de secours.
Scène 4 — L’atterrissage présidentiel
Macron apparaît, costume impeccable, sourire de circonstance :
« Mes chers compatriotes, je prends note de la démission du commandant Lecornu. L’appareil n’a pas explosé. C’est déjà une victoire.«
Derrière lui, un technicien murmure :
« Sauf le pilote, monsieur le Président. Il vient de sauter sans parachute.«
« Parfait. Nous allons trouver un autre volontaire pour redécoller. Peut-être remettre Lecornu s’il aime les parachutes »
Épilogue — Le manuel de vol
La Cinquième République ressemble désormais à un avion sans pilote, où chaque passager croit connaître la destination mais où personne ne sait lire la carte.
Lecornu n’aura tenu qu’un souffle, emporté par la logique du chacun pour soi et la guerre des ego.
Les socialistes ont crié, les Républicains ont tiré, les centristes ont dormi — et le président, tel un contrôleur aérien solitaire, observe son escadrille se disloquer.
Moralité :
Quand tout le monde veut piloter, le ciel devient un miroir.
Et dans ce reflet, la France cherche encore son altitude de croisière.